Mes recherches en philosophie ancienne (antiquité classique et tardive) portent sur trois thématiques convergentes :
(i) la fonction structurelle du langage dans la constitution du discours sur la connaissance (dialectique, rhétorique, métaphysique) ;
(ii) les rapports que le langage entretient avec le visible, les facultés sensibles, visuelle en particulier, selon la spécialisation du discours (philosophique, théologique, sophistique, poétique) ;
(iii) le rôle des théories de l’âme chez Platon et Aristote, ainsi que dans le platonisme et le christianisme ancien.
Se dégagent de ces thématiques quelques points communs. D’abord la fonction complexe du logos et du logismos dans la pensée grecque classique et dans l’héritage tardo-antique. Ensuite, l’association étroite et souvent concurrentielle entre le logos et l’image, tenant compte du « complexe imaginal » spécifiquement grec dans lequel s’agrègent différentes sortes d’images (visuelles, linguistiques, noétiques, naturelles ou créées) en mêlant les domaines de la perception, de la noétique, de l’art de parler et de l’art de représenter (en peinture, modelage, tissage, construction). Les mondes romains et byzantins sont les héritiers directs de ce « complexe imaginal » grec aussi bien en philosophie et théologie qu’en politique. (N.B. : faute de pouvoir en faire une synthèse, j’entends par « complexe imaginal » un conglomérat de significations et d’usages spécifiques de ce qui relève du visible, du visuel, des conditions de perception et de création d’images, dont les effets sont dominants dans la culture grecque. Mais je n’entends pas inscrire l’étude de l’image dans ce qui s’appelle actuellement les « visual studies » puisqu’il ne s’agit pas d’une approche sociologique ou anthropologique mais d’une étude spécifiquement philosophique, en syntonie avec la nature des textes anciens qui font usage des notions d’image, reflet, copie, représentation etc.) Enfin, un autre point commun des trois thématiques convergentes abordées dans mes recherches réside dans le statut même de l’âme, avec ses caractéristiques en tant que lieu de constitution de l’expression (lieu propre du logos et de la culture des passions), en tant que nature partagée entre la transcendance des formes et l’ouverture à leur accessibilité (au beau, au bien, à la justice par une pratique des vertus) et en tant que puissance de la connaissance du corps et des liens que l’âme entretient avec celui-ci (l’âme en tant que lieu par excellence de la réflexivité).